L’Indre paralysée par la neige & le verglas « 2500 naufragés de la route »
Depuis le 1er Janvier, la température extérieure de l’air ambiant est comprise entre – 8° et – 4 ° Celsius, une pluie fine tombe sur le sol gelé, les journées sont courtes et le ciel s’assombrit rapidement ; pas d’alerte météorologique. Aucun signe annonciateur même si, compte tenu de la situation actuelle, on pouvait supposer une dégradation brutale à venir.
Le vendredi 3 janvier 1997
Depuis le 1er Janvier, la température extérieure de l’air ambiant est comprise entre – 8° et – 4 ° Celsius, une pluie fine tombe sur le sol gelé, les journées sont courtes et le ciel s’assombrit rapidement ; pas d’alerte météorologique. Aucun signe annonciateur même si, compte tenu de la situation actuelle, on pouvait supposer une dégradation brutale à venir.
16 h 30 Nous sommes le vendredi soir, heure à l’approche du week-end. Les activités cessent. Affluence normale et quotidienne dans les supermarchés et centres commerciaux de la ville, le trafic routier s’intensifie normalement… – exceptionnellement… retour des vacanciers (fin des vacances de nouvel an) en Région Ile de France, on dénombre 5OO véhicules/heure.
Vers 18h00 La pluie fine s’intensifie et tombe sur un sol gelé. Cette pluie se transforme rapidement en pluie verglaçante qui transforme le sol en un miroir brillant. Sur les trottoirs, la marche devient rapidement difficile et hasardeuse pour les piétons. Début des premières chutes de piétons. De nombreux accidents matériels sont également signalés. Début de ralentissement du trafic routier sur le réseau urbain. Le trafic autoroutier sur l’A 20 est intense, il est passé à 800 véhicules/heure au lieu de 200 normalement. Le réseau routier et autoroutier est perturbé. De nombreux accidents sont signalés.
Le sous-préfet de permanence décide de rappeler le personnel de préfecture et de mettre en place une mini cellule de crise avec tous les acteurs des services publics concernés.
Les routes sur l’ensemble du département sont verglacées. Les voies publiques sont impraticables. De nombreux accidents sont traités (on dénombre plus de 80 appels en ½ heure sur le secteur de Châteauroux. Tous les véhicules V.S.A.B. et les V.L. équipés de pneus clous sont en intervention. Les centres hospitaliers, cliniques et établissements de soins sont surchargés. Les blessés traumatiques, résultant de chutes, affluent de toute part. Les services de l’équipement et de la gendarmerie nous informent, de nombreux bouchons et/ou ralentissements, suivi d’un blocage total du réseau routier et autoroutier du département.
Le réseau routier est bloqué : nombreux bouchons sur l’axe N20 et les tronçons d’autoroute A20. On note, 10 kilomètres au nord de Vatan, 5 kilomètres au Nord de La Châtre, 15 kilomètres au sud d’Argenton, près de Celon, les poids lourds glissent sur la chaussée et bloquent les sorties d’autoroute et les sommets de côte. La pluie givrante est remplacée par de chutes de neige gelée. La circulation est impraticable sur tout le réseau routier départemental.
A 20h00, Le préfet, se rend compte, que la circulation est complètement paralysée. Il doit réagir rapidement au vu du nombre de personnes bloquées sur la route (estimé à 25OO environ) compte tenu des conditions climatologiques défavorables (froid et nuit). Il envisage un regroupement des sinistrés vers des centres de proximité (centres d’hébergement de fortune ou improvisés). Compte tenu des difficultés de circulation, le Préfet informe la population de ne plus se déplacer et recense les possibilités d’hébergement des « naufragés de la route ». Parallèlement, les centres d’accueil, hôtels, lycées, collèges, salles des fêtes sont recensés pour accueillir, à 22h00, les 4000 personnes bloquées sur le réseau routier (dont 2 000 uniquement sur Châteauroux). Les sapeurs-pompiers sont chargés de regrouper les naufragés de la route, bloqués dans les véhicules, dans les salles des fêtes et centres d’accueil où de la restauration de fortune et boissons chaudes leur seront fournis en attendant l’amélioration des conditions météorologiques. Les gendarmes se chargent d’accompagner les files de voitures vers les centres d’accueil. Les sapeurs-pompiers se chargeront, outre l’assistance aux personnes bloquées, l’acheminement de 300 lits picots, récupérés dans les établissements militaires, vers les centres d’accueil.
Vers 23h00, la situation évolue légèrement, il n’y a plus de circulation. Les naufragés sont regroupés dans les centres d’accueil et y resteront jusqu’au lendemain matin.
2ème journée : le Samedi 4 janvier 1997
8 h 30 Le travail intense de la DDE, cette nuit, a permis de dégager la moitié des voies sur les réseaux principaux. Malgré les chutes de neige importantes, les voies dégagées sont partiellement praticables à faible allure et pour des conducteurs confirmés sachant appréhender la circulation sur routes glissantes. Le centre météorologique de Déols ne prévoit pas d’amélioration pour cette journée du samedi. Certains automobilistes quittent les centres d’accueil pour remonter sur Paris par l’autoroute A20. – De nombreux accidents sur voies publiques, sans trop de gravité et dus aux mauvaises conditions de circulation nécessiteront un dispositif renforcé en personnel chez les sapeurs-pompiers et dans les services de soins d’urgence et hospitaliers. Les services de l’Equipement et les services de la voirie travaillent sans relâche pour dégager les voies de circulation sur le réseau principal et quelques axes secondaires.
3ème journée : le Dimanche 5 janvier 1997
8 h 30 la situation s’est nettement améliorée. Les conditions météorologiques sont meilleures, moins de chute de neige avec interruption en journée. Environ 25 centimètres de neige recouvrent l’ensemble du département.
Après un travail intense de la DDE et de la voirie, les axes principaux sont dégagés mais restent difficilement praticables. Les accidents sur voies publiques sont moins nombreux et les gens profitent du week-end pour rester chez eux. Le dispositif sapeur-pompier redevient en service normal. Le PC de crise est désactivé vers 16h00 et quitte la préfecture.